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Charles MELANT

Compositeur de Musique bruxellois

Charles Mélant est né à Bruxelles le 2 août 1851, d’une famille wallonne. Fils de mélomane, il révéla, jeune encore, sont goût de la composition musicale et les grandes dispositions qu’il devait avoir plus tard pour la musique : il était encore sur les bancs de l’université libre de Bruxelles, à l’âge de 18 ans, lorsqu'il composa la Marche des Etudiants, publié en 1868 par l’éditeur Nagant, resté populaire, et en honneur dans toutes les Universités belges. Il se livra bientôt exclusivement à son Art, et partit pour Paris où, en 1874, il fut reçu membre de la Société des auteurs et compositeurs. Il y suivit les cours du Conservatoire, où bientôt, il devint l’élève de Massenet, et s'en inspira, ce qui lui aurait valu le surnom de "Massenet belge". Charles s’y lia d’amitié avec de nombreux artistes – devenus célèbres – et « s’essaya » dès lors dans de nombreux poèmes, tels que Les Prunes d’A. Daudet, Les Triolets à Nini de Grangeneuve, Les Mois du bon François Coppée, et quantité d’autres pièces d’Armand Sylvestre, Gabriel Prévost, etc. Ces premières œuvres furent bien accueillies et trouvèrent de suite un éditeur. A. Leduc les publia. Le succès, avant-coureur du renom futur, couronna les débuts du jeune auteur. Il avait une abondance d’inspiration.

En 1878, il donne à la scène un premier opéra : l’Avalanche. D’autres ouvrages se succèdent alors sans interruption : Enlevez l’écriteau, Folle Vie, le Prince charmant, l’Expiation, Joyselle (poème de Maeterlinck), Andromède et la Désespérance de Faust (drames d’Edmond Picard), , la Chanson de la mer, la Main gauche, Ce n’était qu’un rêve, Chants d’Enfants, l’Ami du Roi, 4 volumes d’adaptation mélodique, la Part du feu, six recueils de 20 mélodies, … morceaux pour orchestre : symphonies, harmonies, fanfares, … Il composa plusieurs cantates entre autres celle qui fut écrite pour le mariage du Roi d’Espagne Alphonse 7. Quelques oratorios. L'Opéra le Reître, destiné à l’Opéra comique de Paris, et représenté en 1890 au Grand Théâtre de Namur.  Son œuvre est abondante et diverse, il écrivit beaucoup et dans tous les genres. Mais jamais il ne présuma de ses forces et n’entreprit d’écrire une œuvre au-dessus de ce qu’il estimait être son inspiration : la grande composition d’orchestre ou la grande pièce en plusieurs actes ne lui permettaient pas de faire usage de ses dons de légèreté, de finesse et de grâce ; il préféra la pièce en un acte ou tout au plus en deux et il en écrivit de ravissantes. Sa musique fut toujours bien inspirée et ne sentait ni le travail ni l’effort.

L  analyse plus détaillée de ses œuvres révélerait des qualités d’écriture très soignée et une distinction constante dans la valeur de l’inspiration ; jamais il n’y eu rien de vulgaire, de trop facile, de déjà vu, dans ce qu’il composa avec une aisance où se dévoilait tout le plaisir qu’il en ressentait. Il y a des mélodies de lui qui sont des pages charmeuses, si bien écrites pour la vois, si nuancées de coloris, aussi agréables à entendre qu’à chanter

M. Charles Mélant a joué un peu partout, dans les théâtres, dans des concerts particuliers et publics, dans les salons, jusqu’en recoins de province. Ses œuvres furent applaudies dans tous les milieux « intellectuels » du pays ; son nom appartient à l’histoire des manifestations artistiques du peuple belge. Il a eu le don d’adapter la phrase musicale à la pensée littéraire, il le fit au Cercle des Arts et de la Presse, des improvisations sur toute espèce de prose qu’on lui soumit, notamment un discours de Nothomb, ancien ministre.

Tout au long de sa carrière, il bénéficia d'une certaine notoriété en Belgique, en France, en Suisse, où il résidait 6 mois de l’année et jusqu’en Afrique du Nord. Il obtint également un brillant succès et les félicitations de la famille royale pour sa cantate O Patrie.

M. Mélant eu l’idée d’attirer les diletanti à l’audition de nos poètes, en faisant souligner leurs récits d’une adaptation symphonique. La beauté émanée à travers l’âme des poètes. Ressusciter, pendant une heure, de temps en temps, les assemblées anciennes, où on écoutait les ménestrels ou les rhétoriciens, s’élevant aux sons variés des cadences musicales et des rythmes prosodiques vers une seconde vie, celle où l’on respire un peu de Rêve et d’Idéal.

A ce titre, Charles Mélant occupe une place à part dans le mouvement musical belge. Tandis que certains compositeurs subissent l’influence germanique, d’autres se rattachent à l’école moderne française, M. Mélant incarne réellement l’âme belge !

Ses ouvrages pour le théâtre, s’apparentent au théâtre littéraire des Spaak, Lutens, Morrisseaux, Liebrecht, … brillent de l’esprit parisien, tout en gardant le caractère national signalé plus haut.

La même note se retrouve dans ses mélodies et dans la plupart de ses adaptations. Il a su choisir les meilleures productions de la littérature poétique de l'époque : les noms de Verhaeren, Maeterlinck, Edmond Picard, Gilkin, Eeckhoud, Giraud, Le Roy, … y voisinent avec ceux de plus jeunes salués des plus favorables augures.

Vers l’année 1895, Mélant fonda à Bruxelles les Concerts artistiques, concerts quotidiens et populaires gratuits, dont l’inauguration eut lieu le 17 mars. Ce fut une véritable première, à laquelle assista le tout Bruxelles mondain et vraiment dilettante. La pensée de Mélant était de former dans les nouveaux une sorte de cours historique musical en action, par l’audition de musiques anciennes, auxquelles les oreilles n’étaient nullement habituées, des airs des 15è, 16è, 17è et 18è siècles, interprétées à l’orgue, au clavecin ou sur des instruments de l’époque. Et tout cela portait des noms charmants, ressouvenances de vieux tableaux. Et tout cela s’exécutait dans le style et la nuance qu’exigeait l’exhumation audacieuse d’œuvres archaïques. C’était un spectacle que de voir l’intérêt avec lequel un auditoire de petits bourgeois, suivait l’exécution d’œuvres de Bach, Wagner, Saint-Saëns, ou Gevaerts. Ces travailleurs, ces femmes, et ces enfants, sans initiation musicale, applaudissaient et montraient aux organisateurs combien ils avaient raison de croire que la musique était faite pour tous. Et les bénéfices de ces concerts revenaient la plupart du temps à des associations de bienfaisance telles que les enfants martyrs, la protection de l’enfance de bruxelles, pour le désastre de Heyst, pour la bourse nationale du travail, pour le dispensaire de femmes cancéreuses, pour la ligue des femmes chrétiennes, …

Charles Mélant est décédé le 21 novembre 1916, subitement en travaillant à son bureau. Deux jours après son décès, il aurait du diriger à la Grande Harmonie, un concert dont les résultats financiers était destiner à secourir un groupe de victimes de la première guerre.

                                                    Sources : "Musiciens belges : Charles Mélant" Mercure musical, 5 août 1909, René Lyr

                                                                                                  Dictionnaire des belges, éditions Paul Legrain, 1981

                                                                 Dictionnaire de la chanson en Wallonie et à Bruxelles, dir. Wangermée, 1995

  

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